(Le Figaro) PÉTROLE Au rythme où augmentent les besoins de la planète, pays producteurs et compagnies devront investir massivement dans de nouvelles techniques d'extraction Les réserves de brut représentent quarante ans de consommation mondiale Eric de La Chesnais [18 août 2004] On consomme actuellement de plus en plus de pétrole alors que cette ressource fossile, par définition, ne se régénère pas. Nul expert ne peut fournir une évaluation exacte des réserves enfouies dans les entrailles de notre planète. Aussi les spéculations vont bon train sur la date de leur épuisement. «Deux écoles s'affrontent : celle des géologues et celle des économistes. Les premiers ont une vision physique du monde qui est malthusienne. Les seconds ont une appréciation beaucoup plus souple. Pour ces derniers, il y aura toujours du pétrole car la problématique est une question de coût de revient», fait remarquer Robert Mabro, responsable du cabinet Oxford Institute for Energy Studies. «La vérité est entre les deux, les réserves ont une contrainte. Je pense que nous atteindrons le pic de la production de brut en 2020 avant d'assister à son déclin. Nous devrions être dans une situation critique avant 2040, à moins que, entre-temps, nous ayons pu changer notre structure énergétique», poursuit l'économiste. Les pétroliers sont quant à eux beaucoup plus optimistes. Ils prévoient l'échéance fatidique pas avant 2080. «La fin du pétrole n'est pas pour demain. Malgré l'augmentation de la consommation, la prospection permet chaque année une révision des réserves prouvées», explique Jean-Louis Schilansky, délégué général de l'Union française des industries pétrolières (Ufip). «Cela fait au moins 20 ans que l'on estime les réserves prouvées à 40 ans alors que dans le même temps la demande ne cesse d'augmenter. Sans oublier les réserves probables ou potentielles qui s'élèvent elles aussi à 40 années», ajoute-t-il. «Personne ne peut dire quand les deux courbes, celle de l'évolution de la consommation et celle des réserves, se croiseront», ajoute le spécialiste. Avant d'atteindre ce point critique, les techniques d'exploration-production auront sans doute permis de trouver de nouveaux champs d'hydrocarbures. En l'espace de 24 ans, les réserves prouvées de pétrole sont ainsi passées de 28 ans de consommation à 45 ans actuellement (+ 60%), selon les chiffres de la publication Oil & Gas Journal. Quant aux réserves de gaz naturel, elles ont progressé de 30% sur la même période à 60 années de consommation. Mais, au rythme où augmentent les besoins de la planète, les pays producteurs et les compagnies pétrolières devront investir massivement dans de nouvelles techniques d'extraction. En effet, outre les Etats-Unis, qui consomment le quart de la production mondiale, la demande chinoise n'est plus en reste dans ce domaine. Elle représente désormais près 7% de la consommation mondiale de pétrole, un chiffre qui pourrait doubler d'ici à 2014, selon les experts. D'ores et déjà, la Chine se place au deuxième rang des consommateurs. Et le rythme effréné pour cette consommation d'or noir ne risque pas de se ralentir. En 2020, le pays le plus peuplé au monde devrait importer quelque 70% de son pétrole brut consommé. Dans ces conditions, les ingénieurs des compagnies pétrolières devront redoubler d'efforts pour extraire davantage de brut, soit par de nouvelles techniques, soit en trouvant de nouveaux puits. Désormais, l'évolution des techniques permet de découvrir du pétrole ou du gaz, là où autrefois il était impossible de l'exploiter. Cela est vrai notamment pour les champs en mer profonde, où l'on peut pomper du pétrole à plus de 3 000 mètres au-dessous du niveau de la mer, comme au large des côtes du Brésil. De même, malgré leur qualité médiocre, les huiles lourdes ne constituent plus un obstacle pour leur extraction. Au Canada, il est possible de retirer du brut des sables bitumeux, par chauffage de la matière. Tout comme au Venezuela, les technologies à froid par injection de solvants permettent d'extraire du pétrole lourd qui est ensuite allégé. Par ailleurs, l'amélioration du taux de récupération des huiles (en moyenne de 5 et 35% des quantités en place) prolonge la durée de vie des champs. C'est le cas en mer du Nord où elle a été allongée jusqu'en 2020, alors que, dans les années 70, l'extinction des champs étaient prévue pour 2005. Depuis, le taux d'extraction est passé de 40 à 50%. Mais tous ces investissements nécessitent du temps. Il faut de trois à dix ans pour mettre en production un champ à partir du moment où il est découvert. Les champs de la mer Caspienne, découverts au milieu des années 90, ne produiront qu'en 2006-2007. Et lorsque le baril de brut atteint des records, la facilité ne pousse pas aux investissements de long terme plus aléatoires.
[-]
(Le Figaro) PÉTROLE Au rythme où augmentent les besoins de la planète, pays producteurs et compagnies devront investir massivement dans de nouvelles techniques d'extraction Les réserves de brut représentent quarante ans de consommation mondiale Eric de La Chesnais [18 août 2004] On consomme actuellement de plus en plus de pétrole alors que cette ressource fossile, par définition, ne se régénère pas. Nul expert ne peut fournir une évaluation ...
[+]