Pour nos amis bretons, une journée portes ouvertes est organisée samedi prochain à Hanvec afin de présenter une maison à énergie positive en cours de réalisation. La maison est actuellement hors d'eau/hors d'air. Les cloisons de distribution (également en béton cellulaire) ainsi que les menuiseries intérieures sont montées. L'isolation des combles en Métisse (isolant solidaire à base de fibres textiles, fabriqué par l'association Le Relais, filiale d'Emmaüs) est terminée. La VMC est installée (il s'agit d'une VMC double flux) ainsi qu'une partie des pieuvres électriques. L'avancement actuel du chantier laisse espérer un emménagement fin février/début mars 2010. L'objectif du projet est la réalisation d'une maison d'habitation à énergie positive, suivant la future norme de la RT 2020. Cette maison devra en outre être réalisée à base de matériaux sains, de production la plus locale possible et ayant nécessité une énergie de fabrication minimale. La conception d'une telle maison a pour préambule un choix de terrain privilégié ans le but de bénéficier au maximum : - des protections naturelles aux vents froids et au soleil estival. - de l'ensoleillement hivernal. L'orientation impose un dégagement au sud, à plus ou moins 15°. Cette implantation permet d'optimiser les apports en énergies passives de l'habitation et optimise le rendement de l'installation photovoltaïque. Une maison à énergie positive à Hanvec Quelques règles de bon sens permettent de limiter la consommation d'énergie. - L'orientation au sud pour les pièces de jour. - L'orientation au nord pour les pièces peu ou pas chauffées. - Le regroupement des pièces de nuit. - Le regroupement des points de puisage pour l'eau chaude sanitaire. Matériaux et techniques de construction : * Sol : Le choix du vide sanitaire s'est imposé par la configuration du terrain qui présente une déclivité de 13 %. La réalisation du plancher s'est donc faite par la mise en place de hourdis polystyrène à languette, couplés à des panneaux de fibres de bois. Hourdis polystyrène : R = 4 m2C/W Thermisorel : R = 1,45 m2C/W * Murs : Le béton cellulaire est un matériau naturel composé de sable, d'eau et de chaux. Il ne comporte ni fibres, ni particules, ni composants organiques volatils. Son inertie thermique permet de retarder et d'amortir les flux de chaleur rentrant en été et sortant en hiver, assurant un très bon confort intérieur en toutes saisons. Il laisse migrer la vapeur d'eau naturellement dégagée par les habitants et leurs activités. Ceci évite toute stagnation de l'humidité ambiante, source de moisissures. Le béton cellulaire est également un rempart contre les champs électriques de 50 Hz. La solution technique retenue pour le projet est une maçonnerie en monomur de béton cellulaire de 50 centimètres d'épaisseur. L'étude thermique réalisée au préalable avait montré que cette solution était plus performante thermiquement que des blocs de 20 cm et une isolation par l'extérieur. Par ailleurs, avec une telle épaisseur, il n'est plus besoin d'isoler les murs, d'où un gain de temps et d'argent ainsi qu'une suppression des ponts thermiques liés à une rupture de l'isolation. Les cloisons de distribution sont réalisées dans le même matériau. Thermopierre 50 cm : R= 5,55 m2C/W L'élévation des murs, réalisée totalement en auto construction, a nécessité 465 heures de travail pour poser 2 529 blocs de thermopierre pour environ 52 tonnes. A ce jour ce sont plus de 950 heures qui ont été effectuées sur ce chantier par le maître d'œuvre. * Toiture : La toiture représente 30% des déperditions calorifiques d'un projet. La solution adoptée est un pare-pluie rigide et isolant en fibre de bois en remplacement de la volige. L'ensemble est rainuré, bouffeté et assemblé par mastic acrylique pour une parfaite étanchéité. La ventilation du support se fait par un contre lattage entre les panneaux et l'ardoise. ISOROOF 22 mm : R = 0,6 m2C/W * Châssis de toiture : L'apport de lumière des pièces aménagées en combles se fait par l'intermédiaire de fenêtres de toit, solution qui offre 3 fois plus de lumière qu'une lucarne traditionnelle. Le choix s'est porté sur des châssis de toit équipés de triple vitrage composé de 3 vitres trempées de 4 mm d'épaisseur et de 2 vides de 10 mm remplis de gaz krypton. La vitre extérieure est pourvue d'une couche de faible émissivité afin de limiter le rayonnement. L'ensemble peut être obturé par un volet roulant. Une maison à énergie positive à Hanvec FAKRO FTT THERMO Ug fenêtre = 0,94 W/m2K. Ug vitrage = 0,50 W/m2K * Isolation des combles : Concernant l'isolation des combles, en complément de l'ISOROOF, le choix s'est porté sur un produit isolant et solidaire fabriqué par « Le Relais », membre d'Emmaüs France. Sa particularité permet d'améliorer un déphasage thermique et d'isoler phoniquement. En rampant : METISSE en rouleau, épaisseur 2x100mm : R = 5,16 m2C/W En partie horizontale : METISSE en rouleau, épaisseur 3x100mm : R= 7,74 m2C/W Le Métisse sera recouvert de plaques de Fermacell de 12,5 mm (lambda = 0,032 W/mC) * Menuiseries : Une construction performante énergétiquement n'est pas incompatible avec des ouvertures de bonnes dimensions. Le choix s'est porté sur des menuiseries à translation (permettant une fermeture plus hermétique) avec un corps en bois et une protection en aluminium à l'extérieur. Triple vitrage 4-16-4-16-4 et un volet roulant intégré à la menuiserie afin de supprimer les entrées d'air parasites. Une maison à énergie positive à Hanvec Menuiseries BIEBER BIPLUS 3L : Ug = 0,6 W/m2.K * Ventilation : L'étanchéité à l'air de la maison nous amène à un parfait contrôle de la ventilation. Les habitants et leurs activités génèrent des calories. La ventilation double flux permet de récupérer jusqu'à 90% des calories de l'air extrait. Ainsi l'air redistribué est préchauffé. Toutes les gaines se trouvent soit dans le manteau isolant, soit dans le volume chauffé (extraction et insufflation). Système double flux Dee Fly By Pass de chez Aldès (En été la fonction double flux peut être interrompue). * Eau chaude sanitaire : L'utilisation de l'air comme source d'énergie a été préférée au solaire thermique. Le choix s'est porté sur le ballon d'eau chaude thermodynamique, système intégrant une pompe à chaleur permettant un gain de 60% d'énergie (donnée constructeur). Ballon thermodynamique TANEO de chez TRESCO : 285 L * Récupération d'eau de pluie : On ne peut imaginer une maison bioclimatique et BBC Effinergie sans récupération des eaux de pluie. Le choix s'est porté sur une cuve en béton de 9300 L avec un dispositif à basculement automatique et sécurisé vers le réseau en cas de manque d'eau. Cuve THEBAUT 9300 L 319X200 h = 205 La purification de l'eau en vue de sa potabilisation se fait par un stérilisateur UV et un osmoseur. * Chauffage : Selon les résultats de l'étude thermique, le besoin en chauffage est de 8,56 kWh/m2/an d'énergie primaire, c'est à dire un besoin pour l'ensemble de la maison de 1 228 kWh annuel. C'est l'équivalent d'un radiateur de 280 Watt tournant 24h/24 pendant 6 mois de l'année ! Aucun système de chauffage « traditionnel » n'est donc installé. Un insert assurera les quelques appoints nécessaires pendant les jours les plus froids de l'hiver. * Production d'énergie : Le toit est équipé de 24 m2 de panneaux photovoltaïques de marque Photowatt (panneaux conçus et fabriqués intégralement en France, y compris les cellules). La puissance installée est de 2 880 Wc (Watt crête) et la production attendue est de 2 932 kWh annuel. Cette production est revendue intégralement à EDF. Un projet d'installation d'une éolienne de 2 kW est à l'étude, en complément des panneaux photovoltaïques. La production serait dans ce cas directement consommée, sans revente au réseau. * Etude thermique : L'étude thermique effectuée confirme que l'on est en configuration de maison passive, avec une demande d'énergie pour le chauffage de 8,56 kWh/m2/an (inférieure à 15) et une demande d'énergie totale « chauffage + eau chaude sanitaire + ventilation + éclairage » de – 7 kWh/m2/an (inférieure à 50). L'obtention de la qualification de maison à énergie positive dépendra donc de la consommation réelle des équipements domestiques (électroménager, informatique…) et de l'addition éventuelle d'une source complémentaire de production d'énergie. Un dossier de demande de label BBC Effinergie a été déposé auprès de Promotelec. Parmi les conditions requises, un test d'infiltrométrie (blower door) doit être réalisé prochainement. Données économiques : L'investissement de 23 400 € pour les panneaux photovoltaïques est financé par un prêt à taux zéro de 20 700 € remboursable en huit ans avec une période de grâce de dix ans et par un crédit d'impôt à venir de 4 000 €. Les remboursements du prêt se feront à l'aide des revenus provenant de la vente à EDF (1 760 € par an au tarif de rachat actuel de 0,60176 €/kWh). L'installation photovoltaïque est donc auto financée. Le coût global du projet, hors énergie compte tenu de ce qui précède, est de 1 600 €/m2 habitable ou 1 350 €/m2 de SHON (surface hors œuvre nette). Ce coût intègre l'intégralité du coût de la construction (matériaux, artisans), celui des services extérieurs (viabilisation, réseaux EDF/PTT/Véolia, Spanc), les prestations Castors, l'achat d'outillages ainsi que les aménagements intérieurs (placards, cuisine, insert…) Subventions et aides diverses : Région : 0 Département : 0 Communauté de communes : 0 Commune : 0 Ademe : 0 Administration fiscale : 4 000 € de crédit d'impôt à venir pour l'équipement photovoltaïque Etapes suivantes : Compte tenu de l'avancement du chantier lors de la journée portes ouvertes, il est prévu que celui-ci soit terminé fin février/début mars 2010. La maison est implantée sur un terrain de 2450 m2. A l'issue de la construction, il est prévu de réaliser un potager (naturellement bio), de planter des arbres fruitiers, d'organiser l'élevage de quelques poules et lapins. Ainsi, après avoir atteint l'autarcie énergétique, le projet vise également à une forme d'autarcie alimentaire.
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