C'est hier, lors de la Conférence nationale sur les métiers de la croissance verte, que Valérie Létard a présenté les conclusions à la sauce Grenelle du comité de pilotage national et des 11 comités de filière (1), réunissant les différents acteurs du secteur. Pour chaque filière, associations, élus, professionnels, syndicats et pouvoirs publics ont prospecté les opportunités de création d'emplois «verts» et les moyens d'y parvenir. Par exemple, les métiers de la forêt devraient induire la création de 23 620 emplois pérennes à l'horizon 2020 (techniciens d'animation, éco-certificateurs, formateurs, etc.). Le groupe chargé du bâtiment, secteur le plus porteur de croissance verte, estime quant à lui qu'il faut former 70.000 jeunes par an pour couvrir les besoins de la profession, et 230.000 personnes au titre de la formation continue d'ici 2020. «Nous allons faire ce qui a été proposé par chacune des 11 filières», a affirmé Jean-Louis Borloo en introduction de la conférence. Le plan de mobilisation des filières et des territoires s'inscrit comme le premier volet du projet global dit «Pacte de solidarité écologique», qui inclut également un plan de lutte contre la précarité énergétique, la transformation des modes de vie, comportements et consommation, l'amélioration du cadre de vie dans les territoires et la mobilisation citoyenne et sociale. C'est Valérie Létard qui a détaillé les 9 axes du plan, qui s'appuient de façon complémentaire sur la mobilisation de l'Etat, celle des filières et enfin celle des territoires. Parmi les objectifs, une meilleure identification des métiers de la croissance verte, la formation des futurs formateurs, l'accès à ces métiers pour les publics les plus en difficulté (jeunes, handicapés, etc.), ou encore l'adaptation des formations aux nouvelles réalités des métiers. L'Etat et les collectivités locales, via la loi Grenelle II, injecteront 170 milliards d'euros dans l'économie et 200 millions ont été sollicités au titre du «grand emprunt» pour mettre en place un fonds d'appui destiné aux projets innovants. «Au moins un actif sur deux est impacté par le plan Grenelle, il s'agit d'une métamorphose des modes de consommation et de production», a estimé Jean-Louis Borloo. «Dans la panoplie des mesures du Grenelle, ce plan représente la mutation la plus importante.» Il a mobilisé plusieurs ministères ainsi que le haut commissariat aux solidarités actives contre la pauvreté. Son directeur, Martin Hirsch a d'ailleurs indiqué que dès la rentrée 2010, le service public d'orientation serait opérationnel sur ces questions de «métiers verts». Autre mesure concrète, la création à cette même date d'une filière de formation au métier de technicien en énergies renouvelables et en services à l'énergie. Le directeur général adjoint de Pôle emploi a également fait savoir, sous réserve du vote lors du prochain conseil d'administration, que l'organisme s'engagerait en 2010 à proposer 5% des 250 millions € consacrés annuellement à la formation, à des formations «vertes». Quelques intervenants ont cependant tempéré les propos gouvernementaux. Ainsi, Marcel Grignard, secrétaire national de la CFDT, a estimé que «la projection d'emplois est pour l'instant très aléatoire» et qu'il ne faut pas «ringardiser» les métiers qui ne sont pas «verts». Pour Jean-Luc Thomas, président du comité de filière «électromécanique», c'est plus «une évolution des métiers qu'il faut conduire, que la création de nouveaux métiers». Du côté des associations environnementales, la fédération France nature environnement est plutôt critique. Elle dénonce «des emplois vert pâle, plus politiques qu'écologiques». «L'objectif de la filière Automobiles demeure de produire davantage de véhicules individuels. […] Les filières identifiées répondent avant tout à des choix d'investissement politiques et économiques, et non à des innovations réellement porteuses d'emplois et de moindres impacts sur l'environnement», rappelle-t-elle dans un communiqué. (1) «Agriculture et forêts», «bâtiment», «mer», «construction électrique, électromécanique et réseaux», «transports», «raffinage, carburants et chimie verte», «automobile», «biodiversité et services écologiques», «tourisme», «énergies renouvelables» et «eau, assainissement, déchets, air» --- Croissance verte : La formation, enjeu majeur du nouveau plan national L'ampleur du potentiel de création d'emplois verts est « encore incertaine », selon le Conseil d'orientation pour l'emploi.©Johannes Braun & Tanguy Cadieu/Naja À l'issue de quatre mois de concertation avec les représentants des 11 secteurs impactés par la croissance verte, le ministère de l'Écologie a présenté jeudi 28 janvier les orientations du Plan national pour les métiers de la croissance verte. Au programme : deux nouvelles formations initiales dès la rentrée 2010 et plus de 350 M€ pour soutenir l'adaptation des entreprises aux nouvelles contraintes environnementales jusqu'en 2020. Comment verdir l'économie française ? C'est la question à laquelle le ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo et la secrétaire d'État chargée des Technologies vertes et des Négociations sur le climat Valérie Létard ont tenté de répondre à l'occasion de la Conférence nationale sur les métiers de la croissance verte, jeudi 28 janvier. Huit jours après la remise des rapports des 11 comités de filières représentant les secteurs créateurs d'emplois verts, le gouvernement a présenté les grandes lignes d'un futur plan de mobilisation national. Principal constat : le manque de candidats à l'embauche freine la croissance. Pôle Emploi propose ainsi 16 000 offres d'emplois « verts » ou « verdissants » sans trouver preneur, alors que 75% des offres s'adressent aux personnes possédant une qualification entre le CAP-BEP et le Bac Pro. L'urgence est donc à la formation ! De nouvelles formations dès la rentrée 2010 : Alors que la concrétisation des engagements du Grenelle devrait mobiliser d'ici 2020 près de 450 Mds€ d'investissements, le gouvernement propose d'injecter 369 M€ pour développer les formations et les métiers de la croissance verte. Cet engagement débouchera dès la rentrée 2010 à la création d'un bac pro d'agent qualifié dans les métiers de la gestion des déchets et d'un module de formation « technicien en énergies renouvelables » au sein du Bac Pro Electricité. Une enveloppe de 55 M€ sera par ailleurs débloquée pour soutenir la formation aux économies d'énergie dans le bâtiment. Enfin, le ministère de l'Écologie espère obtenir au titre du grand emprunt 100 M€ pour aider les secteurs impactés par le verdissement de l'économie à adapter les compétences des salariés, et 200 M€ pour soutenir les projets innovants. Un potentiel d'emploi incertain : Concernant la création d'activité, Valérie Létard a présenté l'objectif de création de 600 000 emplois d'ici 2020 comme une « fourchette basse » en s'appuyant sur les évaluations faites par les 11 comités de filières. Selon les rapporteurs, quatre secteurs ont un solde positif : les industries électriques (225 000 emplois), les énergies renouvelables (200 000 emplois), la réalisation des infrastructures (67 000 emplois), et l'eau et les déchets (43 000 emplois). Pour les autres, la secrétaire d'État assure qu'il y aura « au minimum un maintien de l'emploi ». Dans son rapport sur les perspectives de création d'emplois liées à la croissance verte, publié lundi, le Conseil d'orientation pour l'emploi (COE) se montre quant à lui plus prudent. Tout en admettant que « la croissance verte peut être significativement créatrice d'emplois », le COE met en garde contre l' « ampleur encore incertaine » de ce mouvement, notamment en raison des pertes d'emploi qu'il pourrait provoquer. D'après le Conseil, seul un véritable « plan Marshall de la formation », permettra de répondre aux ambitions affichées.
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