Dans cette région couverte à presque 20% de forêt, le chauffage collectif au bois a été initié en 2003 dans la petite ville de Montdidier (6 800 habitants, Somme). Motifs de départ: des préoccupations environnementales, le prix du gaz et l'envie de faire marcher une économie locale. Une chaufferie (2 000 tonnes de bois annuellement) couplée à un réseau de deux kilomètres alimente donc en chaleur l'hôpital, le gymnase et les trois établissements scolaires de la commune, chaleur utilisée aussi pour chauffer l'eau. Pionnière en la matière, la maire de Montdidier, Catherine Quignon-le Tyrant, s'est heurtée à de nombreuses difficultés pour faire émerger le projet. «Le problème encore aujourd'hui, c'est l'approvisionnement. Il y a un besoin de bois, localement, avec une garantie de prix», a-t-elle expliqué le 16 juin dernier. Ce jour-là, le conseil de Picardie lançait officiellement la SCIC Picardie énergie-bois, une société coopérative d'intérêt collectif constituée de collectivités et d'une cinquantaine d'actionnaires privés regroupés par métier. Propriétaires et exploitants forestiers, agriculteurs, scieurs et menuisiers, professionnels du recyclage et du déchet, etc., soutenus par la région et les conseils généraux de l'Aisne, l'Oise et la Somme (20% du capital), s'organisent pour gérer la production de bois à destination des chaufferies. «Tous les acteurs de ce partenariat public/privé ont une ambition commune: sécuriser les propriétaires de réseaux de chaleur», résume Pascal Dacheux, vice-président du conseil régional, qui souligne qu'un projet de cette ampleur est une première nationale. D'après lui, jusqu'à deux millions de tonnes de bois pourraient être mobilisées chaque année en Picardie, pour des usages autres que le chauffage individuel ou la construction. Grâce à cette nouvelle société, les professionnels du bois-énergie pourront fournir du bois à un prix compétitif sur le long terme (avec des contrats de 20 à 25 ans) tout en bénéficiant d'une «juste rémunération». Avec en bonus, la création d'emplois locaux et l'entretien des forêts. La coopérative achètera du bois de forêt et du bois en fin de vie aux producteurs, et le revendra ensuite sous forme de mélanges, adaptés aux besoins de chaque chaufferie. Ce système permet d'inclure le bois recyclé, sans faire de concurrence au bois neuf, et de fixer un prix stable sur plusieurs années. Le petit bois de forêt (qu'il faut de toute façon évacuer pour entretenir les forêts) trouvera ainsi un débouché, alors que les activités de papèterie et trituration sont en chute libre. La SCIC récupèrera également les cendres issues de la combustion afin de les recycler pour un usage agricole, ce qui n'est pas encore le cas à Montdidier, où poussières fines de combustion et cendres partent en décharge faute d'analyses et à cause d'une administration assez lourde. «Le pari est d'être 5% moins cher que le pétrole, et bien sûr, de fonctionner, à terme, sans subventions», a indiqué Claude Rosier, exploitant forestier et candidat à la présidence de Picardie énergie-bois. Question clients, la SCIC devrait avoir l'embarras du choix. Le fonds Chaleur renouvelable de l'Ademe, lancé en décembre dernier, encourage les collectivités à se lancer dans ce type de projets. Dans la région, une vingtaine de réseaux chaleur alimentés au bois sont d'ores et déjà prévus, dont 5 sont réalisés. Si les exploitants de chaufferie gardent le choix de s'adresser ou non à la SCIC, les initiateurs du projet se montrent confiants, espérant que la garantie d'un prix sur le long terme sera préférée au marché spot. Mais du côté des exploitants, tous ne partagent pas cet optimisme. Franck Mainard, chargé de développement bois-énergie chez Dalkia, exploitant de la chaufferie de Montdidier qui n'utilise actuellement que de la plaquette forestière, reconnait à cette initiative l'avantage de la force de la proposition commune, mais pose le problème de la responsabilité, du fait de bois de divers origines. Une question à laquelle devra répondre la SCIC avant le début effectif de son activité, en 2010 maximum, pour alimenter son premier client, la chaufferie de Beauvais (Oise), qui devrait démarrer début 2011. (CF. Agravalor n°175 - juillet 2009 - p.8) (Cf. Environnement Magazine n°1679 - juillet/août 2009 - p. 22) (Cf. Bioénergie International n°9 - p 18)
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Dans cette région couverte à presque 20% de forêt, le chauffage collectif au bois a été initié en 2003 dans la petite ville de Montdidier (6 800 habitants, Somme). Motifs de départ: des préoccupations environnementales, le prix du gaz et l'envie de faire marcher une économie locale. Une chaufferie (2 000 tonnes de bois annuellement) couplée à un réseau de deux kilomètres alimente donc en chaleur l'hôpital, le gymnase et les trois établissements ...
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